Je vis entre deux mondes, voire trois. A la Réunion, je suis zorey. A Madagascar, vazaha. Je viens du péi la fré. Une fois, j’ai débarqué à Antananarivo au mois de juillet en t-shirt et j’avais oublié qu’il pouvait faire froid sous les Tropiques ! Après trois jours de quête, on trouve beaucoup plus de fringues pour les nanas que pour les mecs à Tana, j’ai déniché mon blouson collector SUPERSONIC TOPMAN qui m’a sauvé la vie.

A la RUN, j’habite en location dans un appart acheté sur plan par un riche zorey de Métropole, qui du coup ne paie pas d’impôt sur le revenu grâce à ses niches fiscales. A Mada, je loue à l’année une case en tôle à un gramoun, qui lui par contre, n’a pas un clou ! Je travaille à la Réunion la moitié de l’année, je ne vous dis pas ce que je fais, de toute façon vous ne me croiriez pas ! A Mada, je fais des bricoles comme tout le monde, les Malgaches sont les rois du système D. Là-bas, je n’ai pas le droit de travailler, j’enchaîne les visas touristiques de moins de trois mois. Une fois par an, je retourne au péi la fré, ça tue les microbes. De temps en temps, je passe quelques heures en escale à Mayotte, le temps de me faire fouiller par la douane. Avec ma tronche de dahalo et les va-et-vient sur mon passeport, je suis tout de suite catalogué comme trafiquant international. Mais, je ne suis jamais sorti de l’aéroport de Dzaoudzi…

… Enfin non, une seule fois mais il n’y a pas longtemps, à cause d’un râté d’Air Austral : j’ai passé la nuit du 25 décembre 2017, tout seul comme un… grand, dans le seul hôtel de Pamandzi ! Je voulais écrire un article en janvier mais j’ai eu la flemme, pareil en février, la flemme. « Puteengue ! » dirait ma nièce de quatre ans. « L’honnêteté nous oblige à vous dire que, malheureusement, rien n’est moins sûr… »,  dirait RFI.

« A la one aigain !  »  feeld, le 5 mars 2018