A La Réunion, la rentrée ne se fera pas vendredi dans 18 communes sur 24

Article : A La Réunion, la rentrée ne se fera pas vendredi dans 18 communes sur 24
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16 août 2017

A La Réunion, la rentrée ne se fera pas vendredi dans 18 communes sur 24

Surréaliste ! A La Réunion, des maires décident de la date de la rentrée scolaire dans les écoles à la place du ministère ! Si si, vous avez bien lu, l’AMDR, l’association des maires du département de La Réunion, a décidé ce mercredi 16 août que la rentrée scolaire, prévue le vendredi 18 août dans les écoles primaires, sera reportée au mardi 22 août pour « des raisons de sécurité ». Alors même que le nouveau ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, est attendu dans l’île jeudi et vendredi, les maires ont décidé de faire capoter cette journée test pour le nouveau gouvernement. La rentrée ne se fera pas vendredi dans 18 communes sur 24 !

Des contrats précaires pour les écoles

En jeu dans ce report, la diminution des contrats aidés alloués par l’Etat dont disposent les maires pour le deuxième semestre. C’est l’organisation de la cantine, du ménage, de la surveillance de la pause méridienne et l’encadrement du transport, que les maires disent ne pas pouvoir assurer car leur fonctionnement reposent essentiellement sur des emplois précaires… De quoi s’interroger sur la qualité de l’encadrement des marmailles dans les écoles de la Réunion ! Déjà en 2009, la Cour régionale des comptes de la Réunion, dénonçait dans son rapport définitif d’une commune du sud « un recours inapproprié aux contrats subventionnés » en particulier dans la restauration scolaire. Alors sur le web, à la radio, nombreux sont ceux qui dénoncent ce système mis en place par nos zélus pour maintenir la population dans la précarité et même se servir de ces contrats pour se faire réélire !

La fin du clientélisme ?

Les contrats aidés à La Réunion permettent aux maires d’acheter une certaine paix sociale dans une île rongée par le chômage : 44% de sans-emplois chez les 15-24 ans selon l’INSEE. « Alors donne à moin un ti contrat ! », disent les jeunes qui manifestent régulièrement pacifiquement en bloquant les ronds-points près de leur quartier. Mais ces contrats constituent avant tout un vivier électoral car ce sont les maires qui recrutent et non pôle emploi. Un système que la ministre du Travail, Murielle Pénicaud, fustige considérant ces contrats « coûteux », « pas efficaces dans la lutte contre le chômage » et « préfère investir dans la formation, dans le développement des compétences ». Les maires s’inquiètent déjà pour les prochaines municipales après la vague Macron aux départementales.

Pas de Cerfa, pas de contrat !

Déjà en 2012, 23 maires sur 24 avaient fait la grève de la rentrée considérant le nombre de contrats aidés proposés par le gouvernement insuffisant. Seul le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette, avait assuré la rentrée le jour J jugeant la position de ses collègues « démagogique ». Le contexte social était à l’époque différent : en février 2012, des émeutes d’ampleur éclatent, les jeunes des quartiers se manifestent alors violemment contre la vie chère. Aujourd’hui, le climat social est plus calme et les jeunes font des démonstrations violentes moins politiques : pousses et rodéos sauvages en plein quartier inquiètent les autorités et dégénèrent parfois en émeutes comme dimanche dernier. Cette année, Gilbert Annette n’est pas seul : ils sont six maires à s’être désolidarisés du chantage de l’AMDR. D’autant plus que certains arguments avancés par les maires frondeurs pour reporter cette rentrée ont de quoi faire sourire. L’un deux affirme : « Ce n’est que mercredi 16 au matin qu’on pourra chercher les formulaires Cerfa à Pôle Emploi… », alors que les Cerfa sont disponibles sur le web en téléchargement !

Alors de mauvaise foi les 18 maires de la Réunion ? Ce report de la rentrée est avant tout politique, les maires s’inquiètent : leur retirer des contrats, c’est diminuer leur pouvoir. Plus de 850 000 habitants vivent à La Réunion dans 24 communes. Dans ces territoires gigantesques aux allures de fiefs, les seigneurs frondeurs comptent défier le roi.

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